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La voie pro est porteuse d’avenir !

Article d’ECA Actualités de juin juillet 2020

Vincent Maisonneuve dirige le lycée Marcel-Callo, à Redon (Ille-et-Vilaine).
Membre des conseils d’administration de l’UNETP (Union nationale de l’enseignement technique prive) et de RenaSup (Réseau national d’enseignement supérieur privé), il livre une vision optimiste de l’avenir de la voie professionnelle, malgré le contexte post-Covid qui pourrait la fragiliser.

Propos recueillis par Coline Léger

Quel mot résume l’état d’esprit de votre établissement ?

Vincent Maisonneuve : La confiance. Celle dans nos partenaires, mais aussi celle que nous plaçons dans nos élèves et bien évidement dans les familles. Labellisé Lycée des métiers Industrie, Automobile et Aéronautique, notre établissement s’appuie sur un réseau de plus de 450 entreprises. Nous avons notamment signé une convention cadre à l’échelle régionale, avec l’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie (UIMM) de Bretagne. Une autre convention est prévue avec l’UIMM des Pays de la Loire dans le domaine de l’aéronautique. Pour ce qui est de nos élèves, sans être sélectifs, nous obtenons depuis dix ans plus de 95 % de réussite aux examens, du CAP au BTS. Tout cela n’est possible qu’en conjuguant le respect et la tolérance, l’engagement et la responsabilité, vis-à-vis de nos élèves et partenaires.

 

 

Comment avez-vous vécu le confinement ?

V M: Comme une période étrange et atypique. Notre établissement était fermé, vide d’élèves, tandis que les cours se sont maintenus à distance, grâce à l’investissement fort des équipes enseignantes et aux tablettes numériques fournies à nos lycéens. De leur côté, les jeunes en apprentissage, qui relèvent du droit du travail et non de l’Éducation Nationale, ont pu poursuivre leur alternance en entreprise. Avec les chefs des travaux et les directeurs d’études, nous avons profité de ce temps pour garder le contact avec nos partenaires : nous avons établi un état des lieux des besoins, spécialité par spécialité, pour nos lycéens, nos étudiants, nos apprentis, afin de les accompagner dans la recherche de leurs contrats de stage ou d’apprentissage.

Êtes-vous inquiet pour la prochaine rentrée scolaire ?

  1. V M. : Je sais que certains établissements souffrent d’une baisse de leurs effectifs, notamment en filière professionnelle scolaire. Le confinement n’ayant pas permis d’accompagner suffisamment les élèves dans leur orientation, les parents ont parfois insisté pour que leurs enfants restent dans les filières générales, quand bien même celles-ci ne leur convenaient pas. De notre côté, nous avons la chance de ne pas avoir souffert de ce phénomène, sans doute parce que nous préparons à des métiers de passion, comme la mécanique, l’aéronautique, l’électronique et l’environnement connecté, dans des secteurs industriels en croissance et de plus en plus reconnus. Pour la rentrée, nous enregistrons une légère hausse du nombre d’apprentis et d’élèves en lycée professionnel. Malgré la crise sanitaire et le confinement, notre établissement a dû inscrire des élèves en liste d’attente dans cinq bacs pros industriels.

Êtes-vous inquiet pour la prochaine rentrée scolaire ?

  1. V M. : Je sais que certains établissements souffrent d’une baisse de leurs effectifs, notamment en filière professionnelle scolaire. Le confinement n’ayant pas permis d’accompagner suffisamment les élèves dans leur orientation, les parents ont parfois insisté pour que leurs enfants restent dans les filières générales, quand bien même celles-ci ne leur convenaient pas. De notre côté, nous avons la chance de ne pas avoir souffert de ce phénomène, sans doute parce que nous préparons à des métiers de passion, comme la mécanique, l’aéronautique, l’électronique et l’environnement connecté, dans des secteurs industriels en croissance et de plus en plus reconnus. Pour la rentrée, nous enregistrons une légère hausse du nombre d’apprentis et d’élèves en lycée professionnel. Malgré la crise sanitaire et le confinement, notre établissement a dû inscrire des élèves en liste d’attente dans cinq bacs pros industriels.

La voie professionnelle pourrait-elle être fragilisée par une crise économique ?

V M : Je ne suis pas inquiet dans l’immédiat, mais restons vigilants. Il ne faut pas se contenter d’anticiper l’avenir, il faut le rendre possible !
Aujourd’hui, agir seul, c’est prendre un risque énorme. Plus que jamais, nous avons besoin de travailler en réseau, tant avec les entreprises qu’avec les branches professionnelles. Dans les années qui viennent, les départs à la retraite vont faire naître des besoins. D’où l’intérêt de mettre en place des plans d’action à trois ou quatre ans avec nos partenaires.
Le Salon Excellence pro va concourir à cette dynamique, comme en témoigne, par exemple, la signature d’une convention nationale avec l’UIMM, prévue pendant l’événement. De notre capacité à mutualiser nos savoirs avec nos partenaires dépendra l’évolution de nos formations professionnelles. Le développement des parcours mixtes évolutifs (mêlant formation initiale et apprentissage) est à ce titre un atout pour nos établissements. À nous de saisir ces nouvelles orientations structurelles.

Quels sont les atouts de la voie professionnelle dans l’enseignement catholique ?

V M : Les entreprises apprécient non seulement la réactivité et le dynamisme de nos équipes, mais aussi les valeurs que nous portons. Celles-ci nous démarquent fortement des autres établissements. Les DRH savent que nos élèves ont tout à la fois le savoir-faire et le savoir-être, si recherché aujourd’hui, sans oublier le savoir entreprendre. À titre d’exemple, l’un de nos partenaires, le groupe BIC, nous a confié que le savoir-être était son premier critère de recrutement. L’accompagnement que nous offrons à nos élèves fait toute la différence.

Qu’attendez-vous du Salon Excellence pro, prévu les 18 et 19 novembre prochains à Paris ?

V M.: Cet événement inédit va permettre de valoriser toutes les filières professionnelles, pour montrer qu’elles sont des voies d’excellence, tout en apportant un éclairage sur les grandes réformes en cours. C’est aussi l’opportunité d’afficher la solidité des relations entre les Opco (Opérateurs de compétences) et nos établissements.

Cela va mettre en évidence, au niveau national, notre savoir-faire, et des partenariats institutionnels ou économiques. Le salon va favoriser cette union des forces, autour de l’innovation technologique. Il va aussi montrer que les jeunes qui sortent des filières professionnelles, qu’il s’agisse de bac pro, de BTS, de licence pro, ou de l’apprentissage, ont des perspectives et des salaires de plus en plus intéressants. Ces formations sont porteuses d’avenir : notre lycée garantit l’emploi à l’issue des formations. L’an dernier, il y avait deux à trois fois plus d’offres d’emploi que d’élèves sortant de notre établissement.

 

L’image de la voie professionnelle est-elle en train de changer ?

  1. V M.: Oui, effectivement et heureusement. Le regard des enseignants chargés de l’orientation en fin de collège évolue. Ils comprennent que des élèves en manque de motivation en filières générales peuvent se révéler dans nos structures, parce qu’ils ont des capacités et une intelligence pratique qui correspondent davantage aux enseignements professionnels. Je pense notamment à un élève qui a remporté le concours du meilleur apprenti de France et le concours général des métiers ! Ces jeunes n’ont pas moins d’intelligence que les autres, mais des capacités à apprendre différentes. A condition de croire en eux.